Mariage précoce: Comment la Covid-19 risque d’anéantir les progrès
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), 10 millions de filles supplémentaires risquent d’être mariées durant leur enfance à cause de la COVID-19. Soit 110 millions de filles au total d’ici 2030.
« Dans les pays où le prix de la dot est courant, la perte de revenu du ménage augmente la probabilité de mariage de 3% », alerte UNICEF dans un rapport intitulé COVID-19: A threat to progress against child marriage (COVID-19 : une menace pour les progrès enregistrés contre le mariage des enfants), publié à l’occasion de la Journée internationale des femmes. L’agence de l’ONU en charge de l’enfance prévient que les fermetures d’écoles, les contraintes économiques, la perturbation des services, les décès durant la grossesse et les décès parentaux imputables à la pandémie augmentent les risques de mariage pour les filles les plus vulnérables. Jusqu’à 10 millions de mariages d’enfants supplémentaires risquent d’être conclus d’ici à la fin de la décennie, menaçant d’anéantir des années de progrès pour réduire cette pratique, selon cette nouvelle analyse publiée par l’UNICEF.
Avant l’épidémie de COVID-19, 100 millions de filles étaient déjà exposées au risque d’être mariées pendant leur enfance durant la prochaine décennie, et ce, malgré un recul considérable de cette pratique dans plusieurs pays au cours des dernières années. Ces 10 dernières années, la proportion de jeunes femmes dans le monde mariées durant leur enfance a baissé de 15 %, passant de près d’une femme sur quatre à une femme sur cinq. Quelque 25 millions de mariages ont ainsi été évités, mais ces progrès sont aujourd’hui compromis.
Inutile de fermer les écoles
« La COVID-19 a aggravé une situation déjà difficile pour des millions de filles. La fermeture des écoles, l’absence des amis et des réseaux de soutien et l’augmentation de la pauvreté ont ravivé un incendie que le monde avait déjà du mal à éteindre. Mais nous pouvons et nous devons mettre fin au mariage des enfants », affirme Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF qui invite à l’urgence dans les actions. Sinon le risque est grand de voir les filles perdre leur éducation, leur santé et leur avenir. Sans omettre les conséquences immédiates et permanentes comme la violence familiale, les risques de grossesse précoce et non planifiée, avec en toile de fond des complications et de mortalité chez la mère ; de lourdes conséquences sur leur santé mentale et leur bien-être.
Afin d’atténuer les retombées néfastes de cette crise sanitaire mondiale sur les filles, Henrietta Fore propose de rouvrir les écoles, en mettant en place des législations et des politiques efficaces, en garantissant l’accès aux services sanitaires et sociaux – notamment aux services de santé sexuelle et procréative, et en fournissant des mesures de protection sociale exhaustives aux familles. Un message fort pour un pays comme le Cameroun où la rumeur annonce des restrictions comme celles vécues en 2020 au plus fort de la pandémie.
Selon les estimations, environ 650 millions de filles et de femmes actuellement en vie à travers le monde ont été mariées durant leur enfance. Près de la moitié de ces mariages auraient eu lieu au Bangladesh, au Brésil, en Éthiopie, en Inde et au Nigéria. Pour compenser les effets de la COVID-19 et mettre un terme à cette pratique d’ici à 2030, conformément à la cible des objectifs de développement durable, il est urgent d’accélérer le rythme des progrès.
Nadège Christelle BOWA