Nadine Florence Ngo Ndje : Comment j’ai été sauvée du cancer du col de l’utérus
Bénéficiaire du service de conisation dans le cadre du projet Combattre le Cancer du cancer du col de l’utérus en clinique et en communauté au Cameroun (C3UC3), Nadine Florence Ngo Ndjé invite les femmes à se faire dépister afin d’éviter de faire la maladie.

Son histoire ressemble à un conte de fée. Rayonnante, Nadine Florance Ngo Ndjé revient de loin. « La première fois que les agents sont venus me prélever, je n’étais pas d’accord parce que j’avais peur parce que ma maman est décédée de la même maladie. Bref, un agent me dit que ça ne sert à rien madame de refuser, tu ne perds rien en te prélevant. C’est comme ça que j’ai fait mon premier prélèvement », raconte-t-elle. Quelques jours plus tard, cette maman reçoit un appel téléphonique. Les nouvelles ne sont pas bonnes. « J’ai été appelée à l’hôpital de la Cité verte pour une première phase du traitement, parce que j’ai été testée HPV positive. Alors, quand je suis arrivée là-bas, la dame m’a prélevé pour un deuxième test ». Les résultats de ce deuxième confirment ceux du premier prélèvement. « J’ai fondu en larmes sûre que j’allais mourir de la même maladie que ma mère ». Les assurances du corps médical ne semblent avoir aucun effet sur son moral au plus bas. « La dame m’a appelé à côté et m’a dit « Non, tu n’es pas encore atteinte du cancer, mais tu as le virus. Quand on lève ça, tout ira bien. On va te faire la conisation. C’est où j’accepte ».
Avant de se préparer pour l’opération qui se fera à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé et qu’elle croit sans issue, elle fait ses adieux à sa famille. « Le cadavre, son résultat, c’est qu’on l’enterre. J’ai appelé mon frère, je lui ai dit « Ok, tu sais que j’ai un bébé, bientôt il a un an, si je meurs, tu restes avec l’enfant ». Selon ses propos, « J’étais toujours accompagnée par l’un des agents de l’Alvf [association de lutte contre les violences faites aux femmes, Ndlr]. Ils m’emmenaient là où il fallait, faisaient ce qu’il fallait, jusqu’à mon opération, jusqu’à ce que tout soit bien passé. Et je suis rentrée à la maison, quelques deux semaines plus tard ». Cependant, son tourment n’est pas terminé. « J’ai eu encore un écoulement clouement du sang. J’ai rapidement appelé, on est venu me chercher. On m’a encore amenée à l’hôpital, où on m’a encore donné les soins, et ça, gratuitement. Je n’ai rien dépensé, aucun sou, rien. J’étais nourrie, bien encadré », rapporte Nadine reconnaissante : « Vraiment, je remercie les bonnes volontés qui soutiennent ce genre de projet comme la lutte contre le cancer du col de l’utérus dont nous souffrons nous les femmes. Je remercie aussi vraiment le ministère de la Santé publique qui veille à ça. Je dis merci aussi à tous les encadreurs de ce projet. Les mots me manquent ».
Diagnostic précoce
Aujourd’hui : « je me sens bien. On m’a refait les tests qui sont sortis aujourd’hui, je suis bien, on m’a dit que pour le moment, c’est déjà bon, je n’ai plus de problème. Maintenant, je suis heureuse, j’ai retrouvé mon bébé », jubile la jeune maman, volontairement ambassadrice auprès de toutes les femmes qui comme elle au départ de cette aventure, était submergé par le doute et le déni. « Nous ne perdons rien en nous prélevant, surtout qu’il faut savoir que tu es malade pour mieux te soigner. Si je ne faisais pas ce prélèvement, je traînerais avec la maladie, et peut-être, ça allait m’amener à la mort. Il faut vraiment que les femmes se dirigent vers les hôpitaux pour se faire prélever contre les maladies, cancer, VIH… », conseille-t-elle aujourd’hui.
Que ce soit dans le cadre de ce projet ou même pendant les consultations de routine, beaucoup de femmes refusent de faire face au diagnostic posé et préfèrent disparaitre. Une erreur selon Mireille Carole Fock, Biologiste et coordonnatrice du projet Combattre le Cancer du cancer du col de l’utérus en clinique et en communauté au Cameroun (C3UC3) qui explique : « Les lésions précancéreuses ne sont pas visibles, ni perceptibles. Donc ces femmes ne se sentent pas malades, elles sont encore en santé selon elles. Et comme elles ne se sentent pas malades, elles n’ont pas de douleur, elles n’ont pas d’écoulement, elles ne trouvent pas la raison pour laquelle elles vont commencer à prendre un traitement. Pourtant, nous sommes à une phase où un traitement est vraiment salvateur et ça laisse sans séquelles ». Nadine Florence en est la preuve vivante !
Nadège Christelle BOWA