Nouvelle Approche de conservation : WWF-Cameroun déroule son programme de sauvegarde environnementale
C’était au cours d’un atelier d’information et de sensibilisation des professionnels des médias où il a été question également des piliers stratégiques du Fonds mondial pour la Nature (WWF) ; du repositionnement dans le débat public de la problématique du conflit homme-forêt et faune.
Parmi les menaces qui pèsent sur la biodiversité au Cameroun, « le braconnage a déjà contribué à la perte de 90% de la population d’éléphants », informe Gilles Etoga, directeur de la conservation à WWF-Cameroun au cours de l’atelier d’information et de sensibilisation des professionnels des médias à la Nouvelle Approche de la Conservation et aux piliers stratégiques du WWF à Douala, les 6 et 7 avril 2022. Ce constat est assez dramatique pour qui connait l’importance de ce pachyderme dans la nature. L’éléphant est en effet le disséminateur efficace de certaines espèces telles que le Moabi dont la germination n’est possible que si la graine passe par le tube digestif d’un éléphant. L’extinction totale de l’éléphant entraînerait inévitablement celle du Moabi, fortement exploitée, elle aussi. Il est donc urgent de protéger cette espèce. D’autant plus qu’elle ne se reproduit pas rapidement. La gestation d’une femelle éléphant est la plus longue de tous les mammifères terrestres. Elle dure 22 mois et les mises bas s’espacent d’environ 4 à 7 ans.
Plusieurs thématiques ont été inscrites à l’ordre du jour de ces travaux de Douala auxquels ont participé des communicateurs institutionnels du ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du développement durable (Minepded) ; des Forêts et de la Faune (Minfof); et des Affaires sociales (Minas). Il s’agit notamment des tendances et schéma de la communication pour la conservation au cours des trois dernières décennies déroulée par Fidelis Pegue Manga en charge de la communication au WWF ; de la présentation de la Nouvelle stratégie de conservation du WWF-Cameroun par Gilles Etoga. Mais aussi du cadre de sauvegarde environnementale et sociale du WWF et la promotion des droits des peuples autochtones et des communautés locales lors de la mise en œuvre de projets de conservation et bien d’autres thèmes. À l’instar du rôle des journalistes dans la mobilisation du soutien à la conservation de la biodiversité ; des explications sur le soutien du WWF à la formation écogardes, par Humprey Ekane.
D’après ce dernier, la criminalité faunique va bien au-delà du braconnage. « C’est une activité criminelle organisée à l’échelle internationale et très lucrative » Aussi pour la vaincre, une collaboration renforcée entre les services en charge de l’application de la loi est fondamentale ; de même qu’est indispensable, un contrôle accru aux points d’entrée et de sortie pour endiguer le commerce transnational. Par ailleurs, l’implication des communautés locales et du secteur privé est nécessaire. Tandis que les lois et procédures pour combattre ce fléau doivent être appliquées. Selon Moïse Kono, Coordonnateur chargé des peuples autochtones, « la sauvegarde environnementale et sociale du WWF crée une approche transparente et documentée ; établit un mécanisme indépendant pour l’examen transparent des allégations graves… ».
Nadège Christelle BOWA
Interview
Gilles Etoga
« On ne veut plus que les gens coupent la forêt pour le business »
L’implication du Fonds mondial pour la Nature (WWF) dans la formation écogardes au Cameroun a très souvent fait l’objet de fortes polémiques. L’éclairage du directeur de la conservation à WWF-Cameroun qui se prononce également sur les alternatives de conservation de la forêt au Cameroun.
Quel est l’impact du WWF dans l’environnement ?
Au niveau global, le WWF a une stratégie d’intervention à six (06) piliers. Il ya également trois piliers transversaux. Le WWF le fait parce que chaque période, on essaie de se remettre en question. Est-ce que nous adressons vraiment les questions de biodiversité et de protection de l’environnement ? Est-ce que nous arrivons à créer un impact, à créer ce monde où l’homme vit en harmonie avec la nature ? C’est notre rêve ultime. Nous traduisons donc cela par des piliers (forets, faune, changement climatique, l’agriculture et l’alimentation, les océans et les eaux douces) sur lesquels nous envisageons créer un impact visible, mesurable dans le long terme dans tous les pays du monde où nous sommes présents. Pour le cas du Cameroun, nous avons exclu les océans et les eaux douces pour se focaliser sur la flore, la faune, changement climatique, l’agriculture et l’alimentation. Sur ceux transversaux, nous avons pris, la gouvernance et le financement durable. Compte tenu du contexte Camerounais, nous pensons pouvoir créer la différence. Précisons que le pilier gouvernance transversal mais aussi central, permet de mesurer si la bonne gouvernance est effectivement mis en œuvre et aussi, si les communautés locales et les peuples autochtones ont accès aux ressources naturelles et leurs conditions de vie améliorées.
Qu’est-ce qui justifie le choix des piliers applicables au cas spécifique du Cameroun surtout que le pays dispose, il nous semble des ressources exclues?
…Pour le Cameroun nous avons exclu deux : les océans et les eaux douces. Pour les eaux douces, nous les avons inclus sous la forêt en disant si nous travaillons sur les questions de forêt (déforestation, dégradation) de manière implicite, nous avons protégé les eaux douces. Parce que les services que la forêt produit sont, l’eau douce, l’air et la nourriture, principalement ! Donc, on ne va pas faire un chevauchement entre les eaux douces et les forêts. Pour les océans, nous avons un océan mais cette question n’est pas encore problématique comme ailleurs notamment à Madagascar qui est une île.
Cela fait de nombreuses années que le WWF travaille au Cameroun. S’il faut faire un bilan, que peut-on y mettre ?
Le réseau des aires protégées nationales est une forte contribution du WWF. C’est grâce au WWF qu’on a vu des aires protégées commencé à avoir des plans d’aménagement (document central qui indique ce qu’il faut faire dans le temps et dans l’espace). Sur le plan législatif, la loi 94 a connu une bonne contribution du WWF. Le sommet des chefs d’Etat de 1999 qui était la base de la gestion durable des forêts dans le Bassin du Congo avec la création de la Comifac est aussi un peu notre victoire. Pour des questions de certification, il faut savoir que le FSC est le modèle de certification ultime est un outil élaborée par le WWF qui permet que dans les concessions forestières, on ne prenne plus en compte seulement les forêts mais aussi la faune puisqu’il y a autant de faune dans les concessions forestières que dans les aires protégées, mais aussi les questions sociales : qu’est ce que les communautés bénéficient à travers la gestion durable des forêts ; est ce que l’accès aux ressources naturelles est interdit parce qu’on a l’exploitation forestière ? Voilà quelques aspects majeurs du travail fondamental de WWF en matière de conservation de la biodiversité et de gestion durable.
Pourquoi le WWF continue de soutenir les écogardes en dépit des casseroles que cela entraîne sur son image?
En réalité, on ne peut parler de conservation de la biodiversité sans ce volet surveillance. Or pour améliorer la surveillance, il faut donner des capacités appropriées aux écogardes qui ne font pas une simple lutte anti-braconnage ou même l’aspect répressif mais aussi l’aspect du monitoring. Comment est-ce qu’on suit les populations animales, l’évolution de la forêt ? Il y a ensuite, la technologie qui évolue beaucoup. Les écogardes doivent pouvoir la maitriser pour être efficace. Savoir utiliser un Gps, système d’information géographique, la cartographie, etc. En outre, ils doivent maitriser les questions de droit de l’homme qui sont fondamentales. Ce travail se fait de manière permanente et met en scène tous ceux qui s’occupent de la police judiciaire.
Si nous avons bien compris votre analyse de la situation de l’eau, le WWF soutient que l’investissement sur la forêt garantit la ressource en eau mondiale qui tend à disparaître ?
C’est une action majeure. Il faut planter les arbres, reconstituer la forêt et la sauvegarder. Si vous coupez les arbres, les eaux de pluie ne vont plus s’infiltrer, elles vont ruisselées. La forêt permet à l’eau de s’infiltrer dans le sol et à améliorer la nappe phréatique qui produit l’eau douce que tout le monde boit. C’est pour cela qu’il est bien de garder la forêt et de la maintenir.
L’une des alternatives à la conservation mis en œuvre par le WWF est le MOMO4C. Quelle est la particularité de ce projet ?
Le projet « Mobile more for climate (Momo4C) » nous permet de valoriser trois commodités (le cacao, les produits forestiers non-ligneux et les forêts communautaires). La particularité de ce projet est que, nous voulons connecter les producteurs locaux au marché international, mais cette connexion ne se fera plus sous forme d’assistanat. On veut améliorer les conditions de vie des communautés à travers l’élaboration des projets bancables. Il est question de faire de ces produits, un véritable business. Mais dans le cadre des projets climato- résilients, on ne veut plus que les gens viennent couper la forêt pour des raisons de business. Ce business qui existe depuis. Mais avec notre apport, dans les régions du Sud et de l’Est, le segment Cameroun du paysage TRIDOM, qui relie Oveng à Mouloundou, ces produits seront désormais labélisés et vont bénéficier d’une valeur marchande au double.
Réalisé par N.C.B
Absolutely 💯 % true. Infact WWF is simply going where it should be. Not just chasing gorillas, elephants or chimps; not just collecting butterflies and observing reptiles; not just watching birds, or conserving healthy forests: but linking up, mobilising funds, standing up for the vulnerable, giving voices to voiceless, and above all rebuilding Man’s broken relationship with Nature.
Welll done!