Promotion de la femme: Des chefs traditionnels du septentrion honorés
Grâce à leur action, plus de 123 femmes notables ont été intronisées et admises dans le cercle de décision où désormais, elles œuvrent à la promotion et à la défense des droits de leurs congénères.
Ils sont au total neuf (09) chefs traditionnels venus du Septentrion, heureux récipiendaires de la distinction conjointe émanant du Système des Nations Unies au Cameroun, du Haut-Commissariat du Canada et l’Association des femmes et filles de l’Adamaoua (Affada), en collaboration avec les Ministères de l’Administration territoriale, et de la Promotion de la femme et de la famille. Leur exploit, ils ont osé braver la « tradition » ou les « us et coutumes » dites ancestrales pour admettre des femmes au sein de la notabilité, jusque là réservée à la gent masculine. Une cérémonie a été organisée en leur honneur hier mercredi 10 juillet 2019 à Yaoundé. Présidée par Atanga Nji, ministre de l’administration Territoriale en présence de sa collègue du gouvernement, Marie Thérèse Abena Ondoua, ministre de la promotion de la femme et de la famille, cette cérémonie avait pour but d’honorer l’engagement de leurs majestés les lamido de Demsa, de Tignère, de Ngaoundéré, du Djerem, de Banyo, de Mokolo, de Guider, le monarque de Logone-Birni et le sultan de Kousseri.
Ces derniers ont admis au total 123 femmes (dont 40 pour Kousseri) dans leurs cercles de décision. « Une démarche pionnière dans les régions du Septentrion, car loin d’être un geste symbolique, l’intégration des femmes dans ces Chefferies a des répercussions immédiates et concrètes dans la vie de la communauté et sur les conditions des femmes en particulier », a déclaré Mme Allegra Maria Del Pilar Baiocchi, Coordonnateur humanitaire et Représentant Résident du Programme des Nations Unies pour le Développement au Cameroun. En effet confesse Sa Majesté Mohaman Gabdo Yaya, lamido de Banyo, « Leur actions portent d’or et déjà des fruits en particulier dans le secteur de l’éducation, sanitaire et socioéconomique ». Il cite à l’actif de ces femmes notables entre autres points : « Elles organisent des séminaires pour apprendre aux femmes des petits métiers tels que la fabrication artisanale et la commercialisation du savon de ménage des campagnes de réparation des fistules obstétricales, la collecte et la remise des dons aux femmes du 3e âge, le dépistage et l’opération du cancer de l’utérus, du sein ; la sensibilisation des femmes sur diverses maladies à l’instar du choléra et à l’intégration des femmes dans les commissions de gestion des centres de formation agropastoraux ».
Avenant, le lamido reconnaît que : « Toutes ces actions n’étaient pas aisées dans notre société patriarcale avant l’avènement des femmes notables. Nous ne pouvons que remercier l’Affada pour sa vision et ses résultats et lui demander de ne pas s’arrêter en si bon chemin ». Pour sa part, Mme Nathalie O’neil, Haut-Commissaire du Canada « espère que plusieurs autres chefs suivront leur exemple » car, « la place de la femme dans notre société traditionnelle mérite plus que jamais d’être favorisée », plaide Sa Majesté Mohaman Gabdo Yaya, qui rappelle que : « Elles sont nos mères, nos épouses, nos filles, nos sœurs, nos nièces, nos petites filles, nos conseillères et surtout, elles sont plus nombreuses ».
Nadège Christelle BOWA
RÉACTION
Sali Hadja Kaïgama, femme notable
« Notre rôle est d’aider les femmes à exprimer leur désir au chef »
Intronisée il y a un an et demi, Sali Hadja Kaïgama est notable femme à la chefferie 1er degré de Mokolo (Extrême-Nord).
Vraiment, je suis très émue d’être notable. Notre rôle est d’aider les femmes à subvenir à leur besoin, à exprimer leur désir au niveau de la chefferie parce que les femmes n’arrivent pas à exprimer ce qu’elles ont dans le cœur au niveau du chef. Les femmes ont des problèmes de terrain, d’héritage, de ménage, etc. Mais en tant que femme notable, elles viennent vers moi exprimer les problèmes qu’elles ont et je transmets à la chefferie. On les éduque, on envoie les enfants à l’école, on établi les actes de naissances pour celles qui n’en ont pas, et même celles qui ne peuvent pas produire un dossier pour le CEP ou l’entrée en 6e. On fait l’éducation en faveur de : l’éradication de la malnutrition, la parenté responsable ; l’éducation à la jeune fille parce que chez nous, beaucoup de filles ne vont pas l’école. Les hommes privilégient les garçons. Les filles restent à la maison pour faire la cuisine. C’est pour cela que nous nous battons corps et âme pour que ces filles aient une éducation comme les hommes. Actuellement, nous sommes très contentes, il y a une évolution. Les filles vont à l’école, les mamans vont à l’hôpital pour la consultation prénatale et pour la vaccination…