Réforme financière mondiale : Huit anciens présidents africains exigent un allégement urgent de la dette
Pour faire face à la crise de la dette qui étouffe les économies des pays les plus pauvres, l'initiative ALDRI « African Leaders Debt Relief Initiative », a été lancée à Cape Town en marge du sommet des ministres des Finances du G20. Huit anciens chefs d'État africains, ont à cet effet, souligné l'urgente nécessité de réformer l'architecture financière mondiale afin de mieux soutenir les pays en développement.

L’initiative des dirigeants africains sur l’allègement de la dette en anglais « African Leaders Debt Relief Initiative (Aldri) », est dirigée par un groupe distingué d’anciens dirigeants africains, dont : Olusegun Obasanjo, ancien président de la République fédérale du Nigeria (président) ; Joyce Banda, ancienne présidente de la République du Malawi ; Jakaya Mrisho Kikwete, ancien président de la République unie de Tanzanie ; Ameenah Gurib-Fakim, ancienne présidente de la République de Maurice ; Macky Sall, Ancien Président de la République du Sénégal ; Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Ancien Président de la République du Ghana ; Hailemariam Desalegn, Ancien Premier Ministre de la République d’Ethiopie ; Yemi Osinbajo, ancien vice-président de la République fédérale du Nigeria. Dans une Déclaration baptisée the Cape Town Declaration, signée à l’occasion du lancement de l’initiative Aldri, ces huit anciens chefs d’État et de gouvernement africains appellent à la nécessité impérieuse d’alléger la dette des nations très endettées et plaident en faveur d’une baisse des coûts d’emprunt pour tous les pays en développement.
« L’Afrique est confrontée à des charges insoutenables de la dette. Il est essentiel que nous nous unissions pour trouver une solution à cette crise. L’avenir de l’Afrique est lié à l’avenir du monde et nous devons travailler à résoudre la crise de la dette afin de favoriser un développement économique durable sur tout le continent », a déclaré Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigeria. Pour qui, « l’engagement de l’Afrique du Sud à donner la priorité à l’allègement de la dette et à collaborer avec les nations pour s’attaquer aux causes profondes de la dette coûteuse est une évolution positive ». Pour sa part, Jakaya Mrisho Kikwete, ancien président de la Tanzanie, fait observer que la crise de la dette a été aggravée par la hausse des taux d’intérêt et par un dollar plus fort, rendant de plus en plus difficile pour les pays africains la gestion de la dette libellée en dollars. « Une solution globale à cette crise est non seulement vitale pour nos économies mais bénéficiera à tous dans le monde », a-t-il soutenu.
Défis financiers et actions urgentes
Soulignant l’urgence d’un allègement de la dette, Macky Sall, ancien président du Sénégal, a déclaré que : « Les pays africains sont accablés par des taux d’emprunt et des coûts de la dette disproportionnés, qui exigent souvent un remboursement rapide. Une solution globale à la crise de la dette doit être une priorité pour tous ». Et de relever que : « La résolution de ce problème mondial profite à tous, partout dans le monde ». Pour Joyce Banda, ancienne présidente du Malawi, les pays en première ligne de la crise du développement sont ceux qui sont aux prises avec des niveaux d’endettement record. D’ici 2030, ces pays devront investir jusqu’à 6 400 milliards de dollars par an pour parvenir à un développement durable.
Cependant, a-t-elle déploré, cet objectif reste insoutenable, compte tenu de leurs énormes obligations de service de la dette, mettant ainsi en évidence, les défis financiers auxquels les pays en développement sont confrontés. « Il est essentiel d’agir immédiatement et un tournant doit être pris lorsque le G20 se réunira cette année », a recommandé Yemi Osinbajo, ancien vice-président du Nigeria, soulignant à ce sujet la nécessité d’une action urgente. « Plus de la moitié des pays africains consacrent désormais plus de fonds aux paiements d’intérêts qu’à la santé, ce qui leur laisse peu de marge de manœuvre pour investir dans le développement durable », regrette-t-il. À l’approche du sommet du G20 de 2025, la déclaration du Cap offre une occasion opportune d’attirer l’attention sur la crise de la dette africaine et sur les défis plus vastes auxquels sont confrontées les nations en développement, notamment la santé, l’éducation, l’insécurité alimentaire et énergétique et l’environnement.
Nadège Christelle BOWA