Résilience aux chocs et catastrophes: L’agroforesterie proposée comme alternative
Une réflexion entre le Centre Mondial pour l’Agroforesterie (Icraf) et les organisations humanitaires commande la vulgarisation de cette pratique pour améliorer les conditions de vie des populations en situation de crise humanitaire.
Le monde en général et le Cameroun en particulier est confronté aujourd’hui à de nombreux grands défis. Conflits, changement climatique, dégradation environnementale, pauvreté profonde, chômage, mauvaise gouvernance, etc. Ces chocs et catastrophes le maintiennent dans une grande vulnérabilité. Parlant de conflits, l’un des plus violents nés au Nigéria, affecte toute la sous région, provoquant ainsi une crise humanitaire sans précédent. En effet, dans la zone du Lac Tchad, 17 millions de personnes sont affectées par le conflit généré par Boko Haram. Plus de 2,6 millions d’entre elles ont abandonnées leurs maisons. Avec 7,1 millions de personnes qui vivent dans une insécurité alimentaire sévère, la famine et la malnutrition demeurent à des niveaux critiques. Au Cameroun, pays le plus affecté par cette situation après le Nigéria, près de 1,6 millions de personnes demandent de l’aide. Et d’après le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), 191 millions de dollars américains sont nécessaires pour répondre à cette crise.
Dans ce contexte, on a à faire aux réfugiés et déplacés internes qui exercent une pression considérable sur les ressources déjà limitées des communautés hôtes. Cette course à la survie est l’origine d’autres conflits et nécessite une réponse non seulement urgente, mais aussi inscrite dans la durée. Les experts parlent de résilience. C’est ici qu’intervient l’agroforesterie qui selon Dr Ann Degrande, Représentant du Centre mondial pour l’Agroforesterie (ICRAF) Afrique Centrale, est l’utilisation des arbres dans les systèmes et les paysages ruraux pour améliorer la productivité, la rentabilité, la diversité et la durabilité. Cette pratique soutient la chercheure, peut contribuer à résoudre les grands défis auquel le monde se frotte aujourd’hui. « En termes de pauvreté, l’agroforesterie peut créer des emplois dans le milieu rural ; l’agroforesterie intervient aussi dans le cadre de la lutte contre le changement climatique parce que les arbres sont très utiles et ont une résistance plus élevé contre la sécheresse. Donc, quand on les intègre dans le système agricole, vous êtes moins vulnérable au changement climatique ».
Sécurité alimentaire et sociale
Cet expert révèle que certaines espèces peuvent être intégrer dans les cultures pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations. C’est le cas du Moringa, Baobab, Tamarinier… des plantes à fortes teneur en vitamines et sels minéraux. En partenariat avec Action Contre la faim (Acf), une organisation humanitaire engagée dans la lutte contre la malnutrition, Icraf a organisé à Yaoundé, une réflexion sous le thème : « Renforcer la résilience des communautés aux chocs et catastrophes par l’Agroforesterie ». Au cours de laquelle, le potentiel de l’agroforesterie dans la construction de la résilience a été dévoilé aux acteurs qui interviennent dans l’assistance humanitaire mais aussi dans le secteur du développement et de gestion des ressources naturelles dans les zones fragiles au Cameroun. Le but étant de nouer des partenariats pour la mobilisation des ressources et l’action conjointe.
L’agroforesterie serait donc, un outil puissant pour réduire la pauvreté et restaurer les zones dévastées. Mais en situation d’urgence, elle pourrait être confrontée à certains défis dont le principal est le temps que met un arbre pour produire du fruit. « Ça peut être long et on ne peut toujours attendre ». Les acteurs humanitaires redoutent aussi la non-adhésion des populations appelées à retourner chez elles, une fois que le calme est revenu en abandonnant cet « investissement ». Réponse de l’Icraf : « …On offre des techniques qui donnent des résultats plus rapides par exemple l’utilisation des arbustes comme le moringa dont on peut récolter les feuilles après six mois ». La présentation de Jackson Acha Atam, Deputy Country director-Programmes à Acf, a mis en lumière les défis qui sont le quotidien des acteurs humanitaires en situation d’urgence.
Nadège Christelle BOWA