Riposte contre le Covid-19: Des Camerounais se lavent les mains désormais en plein carrefour
En partenariat avec l’Unicef, la Croix Rouge Camerounaise met en œuvre depuis le 25 mars dernier, des activités visant à barrer la voie au Covid-19 sur l’ensemble du territoire national via la sensibilisation communautaire et la mise à disposition des kits de lavage de mains dans certains points des villes du pays.
Depuis quelques semaines le paysage de la ville de Yaoundé a quelque peu changé. Au carrefour de la poste centrale de Yaoundé par exemple, comme dans certains marchés, gares routières ou certains quartiers de la capitale politique, ces tentes blanches où sont disposés des kits de lavage de mains (bidon avec robinet, seau de recueillement des eaux usées, savon…) ne passent pas inaperçues. D’autant plus que partout où il y a un kit de lavage des mains se trouvent des secouristes volontaires de la Croix rouge Camerounaise pour expliquer à la communauté l’importance du lavage des mains mais surtout comment se laver les mains. Cette activité apprend-t-on est une initiative de la Croix rouge Camerounaise en partenariat avec l’UNICEF dans le cadre de la riposte contre le Covid-19.
Ces derniers mois en effet, cette maladie a provoqué un très grand nombre de décès dans le monde. L’Afrique n’a pas été épargnée. Avec plus de 1000 cas au compteur, le Cameroun est le 2e pays africain le plus touché après l’Afrique du Sud (2 783 cas), selon les statistiques du Centre Africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) au 18 avril 2020. Dont 305 guéris, 176 hospitalisés, 33 oxygénothérapie et 42 décès selon le ministre de la Santé sur son compte Tweeter. Dans le cadre de l’initiative évoquée plus haut, la sensibilisation communautaire est privilégiée affirme Yacinthe Olinga en service à la communication de la CRC. Elle intègre : le déploiement des volontaires sur le terrain, la mobilisation des communautés par divers moyens (focus groups, échanges interpersonnels, criée, pose des affichettes, etc.) au respect des mesures d’hygiène barrière ; la mise à disposition des Kits WASH pour le lavage des mains.
Reconstruire les mentalités
Plus de 1500 secouristes ont été à cet effet déployés sur le terrain d’abord dans certaines villes des régions déclarées foyers de la pandémie comme Yaoundé, Douala, Bafoussam. Ensuite à Kribi, Bamenda, Limbe, Buéa, Ebolowa, Bertoua, Maroua et Kousseri. L’objectif est de refaire l’idée que les populations ont de cette maladie. Pour ce faire, les secouristes qui avaient déjà une formation en Wash ont été briefés sur cette thématique avant le déploiement sur le terrain. « Ça fait partir du package de cours de la formation sur la gestion de catastrophe, ils savent comment se comporter en tant d’épidémie ou de pandémie au sein de la communauté », Bernard Ayissi Nouma, directeur national de la gestion des catastrophes à la Croix rouge Camerounaise, membre de l’équipe régionale de réponse aux catastrophes en Afrique Centrale et de l’Ouest.
« Au départ les gens étaient sceptiques et réticents. Mais aujourd’hui on observe une certaine adhésion de la population qui se ressent dans les chiffres enregistrés au quotidien », affirme Calvin Kamga, responsable du Pool du Rond-Point Nlongkak selon qui « on est parti de 120 personnes par jour à plus de 300 ». En clair, « le message passe sin bien que les gens nous disent qu’ils espèrent que cette activité va continuer même après le Coronavirus », confie Rose Ebana, volontaire secouriste qui travaille au niveau du pool de la poste Centrale. Toutefois, certaines personnes malgré tout continuent de croire que la maladie Covid-19 est une invention : « certaines personnes disent « on lave les mains qu’on a mangé, il faut d’abord manger avant de laver les mains », rapporte Calvin Kamga qui sans se décourager affirme : « Ce que nous avons à faire c’est de les convaincre de changer cette mentalité parce que ce n’est pas seulement corona qui fait laver les mains. Il faut cultiver la notion du bon lavage des mains contre les maladies comme le choléra ou toutes autres maladies qui peuvent provenir du non lavage des mains ».
Pour cette opération, le don de l’UNICEF est estimé à 20 000 bidons, 100 robinets, 11 000 seaux. Il est aussi attendu dans les prochains jours, l’installation des cubitenaires à Douala (70) et Yaoundé (30) qui seront approvisionnés par la Camwater pour davantage rendre l’eau disponible. Dans les zones où le savon est indisponible, les experts recommandent l’usage de la cendre qu’ils présentent comme un puissant antiseptique. Au regard de la flambée des cas, Malachie Manaouda, ministre de la Santé publique invite à plus de responsabilité : « Nous devons renforcer l’observance des mesures barrières édictées et surtout le port obligatoire des masques. Protégeons-nous ! protégeons les autres ! Soyons responsables », exhorte-t-il sur son compte Tweeter.
