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Santé de reproduction : 13 femmes sur 100 meurent des suites d’avortement au Cameroun

Dr Filbert Eko Eko, médecin obstétricien et gynécologue, pense que pour réduire le phénomène, il faut prévenir les grossesses non planifiées. Au cours d’un échange sur la question avec les membres du Journalists Network for Maputo Action (JNMAP), le clinicien édifie sur les moyens de lutte et les mécanismes de prévention.

« Les grossesses ne doivent plus être un accident mais une chose planifiée. C’est-à-dire si on ne veut pas de grossesse, il existe une panoplie de méthodes qui sont taillées à la mesure de tout un chacun ». Dr Filbert Eko Eko est formel sur le sujet. Surtout que souligne le clinicien, l’une des conséquences d’une grossesse non planifiée et non désirée est l’avortement qui contribue à environ 13% à 15% des décès maternels. « En santé, toute statistique qui dépasse 10% est un problème de santé publique. C’est donc un problème santé publique. Il ne faut pas voir l’avortement comme un sujet tabou. Il faut en parler pour réduire les avortements à risque par conséquent, réduire les mortalités maternelles liées à l’avortement non sécurisé ».

Au Cameroun, selon des statistiques officielles, 77% des avortements sont non sécurisés. Et plusieurs facteurs contribuent à alourdir le fardeau. L’expert identifie à ce sujet : le manque de connaissance de la santé sexuelle et reproductive ; manque de service approprié en ce qui concerne la santé des jeunes, célibataire et des personnes déplacées ; Manque de conscience par rapport aux complications et leurs degrés ; Manque de planification familiale post accouchement. Et de préciser sur cet aspect que « la planification familiale vise trois objectifs selon le désir de la personne qui sollicite ce service : retarder la grossesse ; espacer la grossesse ; limiter les grossesses ». Dr Eko Eko rappelle à l’attention des femmes : « Le premier responsable de la grossesse est la femme, sauf en cas de viol, et même ! Parce que le premier endroit où se plaindre c’est à l’hôpital où on va prévenir la grossesse et bien d’autres maladies sexuelles transmissibles en cas de viol. C’est de là qu’on vous dirige vers les services de justice ».

Responsabilité

Par conséquent : « Devenir une mère est un choix ! Si vous décidez de porter une grossesse, décidez avec toutes les conséquences », martèle-t-il avant d’indexer les prestataires de soin en panne de compétence. Qui de ce fait, ne parle pas de méthodes de contraception aux personnes qui en demandent. Cette lacune relevée dans le système de santé est un facteur qui concourt à augmenter le taux de mortalité maternelle dans le pays. Il y a aussi, note le chercheur, l’existence des besoins non satisfaits. « Pour arriver à diminuer la prévalence des avortements, il faut prévenir les grossesses non planifiées et non désirées qui normalement se passe par une parenté responsable », recommande-t-il alors.

C’est l’un des objectifs que vise le projet « Advocacy for Comprehensive Abortion Care (Acac) » dont il est le point focal au sein de la Société Camerounaise d’Obstétriciens et gynécologue (Sogoc). Dans ce pays, on enregistre selon l’EDSV (2018), 406 décès pour 100 000 naissances vivantes. Des décès dont certains peuvent être évités en prévenant les grossesses non désirées par l’utilisation d’une méthode contraceptive pour les personnes sexuellement actives. « Aucune méthode n’a un effet délétère sur la sexualité et la santé de la femme. Pour toutes les méthodes contraceptives, la femme n’a pas besoin de l’accord du partenaire même si elle est mariée. Donc la décision incombe à la femme », affirme-t-il face aux journalistes du Réseau des journalistes pour l’Application du Plan d’Action de Maputo (Jnmap), acronyme anglais, organisateur d’un échange de cet échange scientifique, le lundi 29 mars dernier à Yaoundé.

Nadège Christelle BOWA

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