Santé féminine: Des impacts socioéconomiques d’une mauvaise gestion menstruelle
Célébrée tous les 28 du mois de mai, la journée mondiale de l’hygiène menstruelle interpelle les décideurs afin que soit améliorer les infrastructures hydro-sanitaires en milieu scolaire en vue d’augmenter et maintenir les jeunes filles à l’école même pendant leurs règles. L’autonomisation de la femme en dépend.
Bien que très peu documentée, l’incapacité des, femmes à gérer leur hygiène menstruelle dans l’espace public ou sur leur lieu de travail (formel ou informel) a un impact économique certain. C’est ce que relève Vanessa Thomas, chargée de projets internationaux dans un ouvrage intitulé « Menstruations, sang pour sang taboues : comment l’hygiène menstruelle impacte nos sociétés », publié en février 2018. Ainsi, 31% des femmes actives en Inde manquent en moyenne 2,2 jours de travail chaque mois lors de leur menstruation et 65,81 % affirment que les menstruations ont un impact sur leur présence au travail. « Les pertes économiques dues au manque d’installations sanitaires adaptées à l’hygiène menstruelle – 1 femme sur 3 n’a pas accès à des toilettes dans le monde-, ont été chiffrées respectivement à 13 millions et 1,28 million de dollars américains par an aux Philippines et au Vietnam, correspondant respectivement à 13,8 et 1,5 million de journées de travail manquées », note cette auteure.
Des chiffres qui au niveau national devraient interpeller nos décideurs surtout à la faveur de la célébration de la journée mondiale de l’Hygiène menstruelle, ce lundi 28 mai 2018. Outre l’impact économique, cette situation affecte aussi le niveau d’éducation des filles, fragilisant ainsi leur autonomisation plus tard. D’après le Fonds mondial pour l’enfance (Unicef), en Afrique 66% des filles ne disposent pas d’une bonne information sur la menstruation avant d’être confrontées à leurs premières règles. Cela rend l’expérience négative, et parfois traumatisante. L’Unesco estime qu’une fille sur dix manque l’école en Afrique subsaharienne pendant son cycle menstruel. Ce qui représente 20% du programme scolaire annuel.
Discrimination
Selon les résultats d’études qui se sont penchées sur la question, trois raisons principales amènent les filles à manquer l’école. Ce sont : la honte en raison du tabou social associé aux règles dans plusieurs environnements observés qui les inciterait à ne pas se rendre à l’école afin de ne pas se confronter aux regards de leurs camarades et enseignants. La deuxième raison est le manque d’infrastructures d’hygiène adaptées au sein des écoles (séparées pour les filles et les garçons, absence d’eau et du savon) qui leur permettraient de se changer et de se nettoyer. La douleur provoquée par les règles constitue la troisième raison. « Un environnement scolaire ne permettant pas de bonnes pratiques d’hygiène menstruelle est inadapté́, insalubre et sexuellement discriminatoire », fustige Vanessa Thomas selon qui, « l’impact de ces challenges est particulièrement préoccupant lors de l’adolescence et peut se traduire par l’isolement, une participation réduite en classe, un manque de concentration et une augmentation du stress vécu par la jeune fille ».
La période des règles peut durer normalement entre cinq et sept jours. Selon les gynécologues, une mauvaise hygiène corporelle peut favoriser des infections et autres problèmes se manifestant généralement par des douleurs au bas ventre, une perturbation du cycle menstruelle voire même à terme l’infertilité ou la stérilité. Instaurée en 2014, la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle vise à rompre le silence et à diffuser l’information pour permettre à la communauté en général et à la communauté scolaire en particulier de communiquer et d’échanger sur l’amélioration de la gestion de l’hygiène menstruelle. Cette journée a aussi pour but d’interpeller les décideurs afin d’améliorer les infrastructures hydro-sanitaires en milieu scolaire en vue d’augmenter la fréquentation scolaire des filles, de leur participation et de leur maintien à l’école, même pendant leurs règles. Le choix du jour 28 représente le nombre de jours moyen d’un cycle menstruel. Le mois de mai est le 5ème de l’année, comme le nombre de jours moyen de la durée des règles. Celles-ci peuvent durer de 2 à 7 jours.