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Santé maternelle: Comment les moto-ambulances ont révolutionné la prise en charge

 

 

L’introduction de ce moyen de transport pour le référencement des patientes dans le district de santé de Tignère (Adamaoua) à contribuer à réduire le taux de mortalité maternelle estimé à 1000 décès pour 100 000 naissances vivantes contre 782 au niveau national (EDS 2011).

Route en terre crevassée et boueuse, colline rocailleuse… Le chemin qui mène à Wogomdou, département du Faro et Deo, localité située à plus de 250 km de Ngaoundéré, chef-lieu de la région de l’Adamaoua est un parcours du combattant. C’est pourtant cette voie que devaient emprunter les femmes enceintes pour espérer une prise en charge acceptable à Galim-Tignère où se trouve le centre médical d’arrondissement (Cma) le plus proche. Soit 92 km après avoir bravé l’enclavement de leur village pour atteindre le Centre de santé intégré de Wogomdou. Où certains soins à l’instar de la césarienne ne peuvent être administrés faute de plateau technique et de ressources humaines appropriés. Résultat des courses, de nombreuses femmes perdaient la vie en voulant donner la vie. Les principales causes de ces décès étant l’hémorragie, la prééclampsie et la dystocie. Un véritable drame qui se vivait dans la douleur dans les ménages affectés.

Pourtant la majorité de ces décès due à des complications obstétricales sont évitables par une prise en charge adéquate qui implique des soins de qualité dans les formations sanitaires, rappelait Siti Batoul Oussein, Représentante résidente de l’Unfpa-Cameroun, lors d’une récente cérémonie de présentation et de remise des équipements médicaux au ministère de la Santé publique dans le cadre du Projet d’appui à la santé maternelle, néonatale et infantile (Pasmni). Mis en œuvre depuis 2018 au Cameroun dans 35 districts de santé dans cinq régions du pays sur financement de la Banque Islamique de développement (BID) en partenariat avec l’Unicef. Depuis bientôt deux ans, l’introduction des moto-ambulances dans le système sanitaire du district de santé de Tignère dont dépendent Wogomdou, Libong…, bénéficiaires, a permis de révolutionner la prise en charge des patientes. Notamment dans le référencement et contre référencement, précise Jean Moutsina, chef du district de santé de Tignère.

Accouchement assisté

Selon Daouda, point focal Santé de reproduction à la Délégation régionale de la santé publique de l’Adamaoua, des avancées ont été enregistrées en terme de la mise en œuvre du projet. « Nous nous sommes rendus compte que le taux d’accouchement assisté est passé de 40% à 56% ; de la réduction considérable des décès néonataux qui affiche 48 décès pour 56 accouchement en moyenne ; le fonctionnement du système de référence et contre-référence avec la réorientation des interventions des accoucheuses traditionnelles ». Formées, ces matrones n’interviennent plus au niveau de la communauté mais servent pour l’identification des cas de complication de femmes enceintes vers les formations sanitaires. « C’est un ouf de soulagement que nous avons poussé en recevant ces moto-ambulances et bien d’autres équipements, parmi lesquels le forage avec panneau solaire », confesse Ahmadou, infirmier breveté généraliste, Chef du Centre de santé intégré de Wogomdou.  

« Ces moto-ambulances nous aident beaucoup. Nos femmes ne meurent plus en accouchant », jubile Yaya Djogdi, chef du village Wogomdou. De par la présence de ces engins dans ces formations sanitaires, le taux de fréquentation a augmenté. « Le nombre d’accouchement est passé de 5 accouchements par mois (avant 2018 à 25 aujourd’hui. Depuis la mise en place de ce projet, on n’a pas plus enregistré de décès de maman qui vient accoucher jusqu’à nos jours. Le niveau est élevé grâce aux matériels. Les femmes accouchent désormais dans de bonnes conditions. Le service d’hygiène est là. La salle est propre et bien équipée. Il y a la lumière. Les lampes baladeurs nous aident », affirme Ahmadou, chef du CSI de Wogomdou. Ici comme à Libong et Tignère, les populations se sont organisées en comité de gestion pour assurer l’entretien de ce matériel roulant. « Le transport pour Galim coute cher (5000Fcfa par beau temps). Maintenant que la moto est là, On ne te demande plus le carburant pour transporter une femme quand il y a une urgence », soutient Hadamou Amadou, président du comité de gestion de Wogomdou selon qui chaque ménage doit contribue à hauteur de 2400Fcfa par an pour l’entretien. A Libong, cette contribution est de 1150 Fcfa an par ménage d’après Hamadjouke Beloko. Pour Mariamou Bello dont le fils Mohamadou est âgé de 40 jours, ce montant ne représente rien au regard des bénéfices. Hassana Yawa, l’un des conducteurs ne cache pas sa joie à contribuer à sauver des vies. Seulement ces conducteurs ont besoin malgré leur engagement et abnégation d’être soutenus financièrement.  

Nadège Christelle BOWA

de Wogomdou à Libong par Tignere

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