Volteface : Net-Zero Banking Alliance appelle ses membres au vote
La principale alliance mondiale des banques pour le climat va demander à ses membres de voter sur l'abandon de l'engagement d'aligner leurs 54000 milliards de dollars ($54 trillions) d'actifs sur l'objectif de l'accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Un vote positif compromettra la réalisation des objectifs climatiques mondiaux, s’insurge 350.org, une organisation environnementale internationale qui s'attaque à la crise climatique.

Dans un revers préoccupant, la Net-Zero Banking Alliance (NZBA), la plus grande alliance bancaire mondiale pour le climat, organisera un vote sur une proposition qui affaiblirait son engagement à aligner 54 000 milliards de dollars ($54 trillions) d’actifs sur l’objectif critique de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. L’effort de la Net-Zero Banking Alliance pour conserver ses membres restants fait suite à l’exode de nombreuses banques américaines de premier plan depuis l’élection de Donald Trump à la présidence. Selon 350.org, une organisation environnementale internationale qui s’attaque à la crise climatique, un vote positif signifie que la Net-Zero Banking Alliance (NZBA), créée en 2021 en tant qu’élément clé de la Global Financial Alliance for Net Zero, adoptera un objectif moins strict consistant à maintenir le réchauffement « bien en dessous de 2°C », ce qui constitue un recul significatif par rapport à l’action urgente requise pour faire face à la crise climatique.
« Plutôt que d’apaiser ceux qui s’opposent à l’action climatique, la Net-Zero Banking Alliance doit prendre des mesures décisives pour respecter l’objectif de 1,5°C et mettre fin à l’expansion des combustibles fossiles. L’alliance est instable car certains membres se retirent parce qu’ils ont peur et qu’ils sont trop myopes pour s’engager dans l’action climatique requise, en particulier pour réduire le financement des combustibles fossiles », s’insurge Andreas Sieber dans un communiqué parvenu à notre rédaction. Pour le directeur associé de la politique mondiale et des campagnes de 350.org, « le besoin de réglementations contraignantes et de mesures de responsabilisation n’a jamais été aussi urgent. Il est clair que les banques sont préoccupées par les conséquences juridiques potentielles d’un manquement à leurs engagements en matière d’émissions nettes zéro, ce qui souligne la nécessité urgente de mettre en place des cadres réglementaires publics plus solides ».
Le mouvement mondial pour la justice climatique appelle les banques à respecter leurs engagements en faveur de l’objectif de 1,5°C et à cesser immédiatement de financer l’expansion des combustibles fossiles. D’après ces derniers, « toute autre attitude constitue un échec dans la protection des communautés vulnérables et une menace pour l’avenir de la planète. Le temps des promesses vagues et des actions inadéquates est révolu – les banques doivent agir de manière décisive pour faire face à l’urgence climatique ». Cette décision intervient alors que les températures mondiales ont dépassé le seuil de 1,5 °C pour la première fois l’année dernière, ce qui rappelle brutalement la nécessité d’une action climatique plus forte, et non plus faible. Le rapport Banking on Climate Chaos de l’année dernière a révélé que de nombreux membres de l’alliance ont continué à investir près de 700 milliards de dollars par an dans des projets liés aux combustibles fossiles, bien qu’ils aient adhéré à la NZBA et se soient engagés à réduire à zéro leurs émissions nettes d’ici à 2050.

Cette contradiction met en évidence une tendance inquiétante : alors que les banques soutiennent publiquement les objectifs climatiques, leurs actions continuent d’alimenter la crise climatique. « La proposition de la Net Zero Banking Alliance d’affaiblir ses engagements est plus qu’un simple ajustement politique, c’est un recul à un moment où nous avons besoin d’une avancée. Passer d’un objectif de 1,5°C à une vague ambition de -2°C, c’est ignorer ce que la science nous dit : chaque fraction de degré compte, et chaque retard coûte des vies », prévient Chuck Baclagon, chargé de campagne régional pour l’Asie à 350.org. Cependant rassure-t-il : « il est encore temps de bien faire les choses. La NZBA et ses banques membres doivent rester fermes et ne pas se dérober à leurs engagements. Si les institutions financières veulent revendiquer le leadership en matière de climat, elles doivent agir en conséquence, en accélérant le passage aux énergies propres, en finançant une véritable décarbonisation et en garantissant une transition juste pour ceux qui en ont le plus besoin. Les enjeux sont on ne peut plus clairs ».
Dirigée par des banques et convoquée par les Nations unies, la Net Zero Banking Alliance est un groupe de grandes banques mondiales qui se sont engagées à aligner leurs activités de prêt, d’investissement et de marchés de capitaux sur des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles d’ici à 2050. Le cadre, les orientations et les possibilités d’apprentissage de la NZBA aident les membres à concevoir, à fixer et à atteindre des objectifs crédibles de zéro émission nette fondés sur des données scientifiques pour 2030 ou plus tôt, qui apportent une valeur ajoutée à leurs investisseurs et à leurs clients.
Nadège Christelle BOWA